Home
>
La durée d'un jour
La durée du jour s'allonge de une à deux millisecondes par siècle. Ceci correspond à un
ralentissement de la rotation de la Terre. Ce ralentissement
séculaire est mis en évidence par le calcul de la date et du
lieu d'observation des éclipses anciennes, dont on a des traces jusqu'il y a environ
3000 ans; il est de l'ordre de 0.002/sec par siècle.
Depuis 1963 les paléontologues, par l'analyse de la vitesse de
croissance des coraux, ont permis de reculer à deux
milliards d'années notre connaissance de la durée du
jour et de l'année. Ce changement quasi-linéaire de la durée du jour
est lié aux dissipations à long terme associées
aux déformations périodiques (marées zonales) du globe et aux
marées océaniques générées par l'attraction de la Lune et du Soleil. Comme la Terre n'est
pas parfaitement élastique, le renflement dû à
l'attraction luni-solaire et qui est entraîné par
la rotation de la Terre est en avance par rapport à la
direction Terre-Lune. En effet la vitesse angulaire de
rotation de la Terre sur elle-même est plus grande que
celle de la Lune le long de son orbite; on veut dire par
là que le maximum de déformation, emporté par la
rotation de la Terre, est atteint après avoir
dépassé l'axe Terre-Lune. Cette dernière exerce alors sur ce renflement une attraction
qui tend à diminuer la vitesse de rotation de la Terre.
Ce phénomène est à ajouter aux forces de
frottement qui apparaissent sur le fond des océans par
le déplacement des courants sous l'action des marées
océaniques. Par le même mécanisme, le Soleil
provoque lui aussi une augmentation de la durée du jour
mais l'effet est moins important que celui de la Lune.
Récemment le ralentissement séculaire a pu être déduit des
observations d'un satellite artificiel LAGEOS spécialement conçu
pour la géodynamique. La démarche mérite d'être
indiquée car elle témoigne de la qualité des observations
effectuées au cours de la dernière décennie. Le mouvement des
satellites est perturbé par le déphasage du renflement
équatorial dont il vient d'être question. Ce déphasage peut
donc être déterminé en suivant l'évolution des orbites les
plus précises; cette approche montre que le ralentissement de la
rotation de la Terre devrait être de 25 % plus important que la valeur
acceptée par les observations anciennes. Ce résultat est
confirmé par les mesures LASER de la distance Terre-Lune puisque la Lune
s'éloigne de la Terre d'environ 3cm par an. (Par conservation du moment
angulaire et à cause de cet éloignement, on peut également
montrer le freinage de la rotation de la Lune sur elle-même. Ce
freinage est complet actuellement et c'est la raison pour laquelle la Lune
tourne toujours la même face vers la Terre.) Le désaccord sur le
déphasage, déduit des éclipses anciennes et du mouvement tant de
LAGEOS que de la Lune, implique la présence d'un autre phénomène
qui doit décélérer la rotation de la Terre. Celui-ci
résulterait des effets de la dernière époque glaciaire alors que
le Canada et la Scandinavie étaient, il y a 18 000 ans, couverts de
glace. En effet la Terre se comporte comme un corps visqueux et lors de la
formation des calottes glaciaires, la croûte terrestre s'affaisse et
repousse de la matière vers l'équateur. Au contraire quand les
glaces se retirent, la matière reflue vers le Nord; ce dernier mouvement
diminue le moment d'inertie du globe et donc, en vertu du principe de
conservation du moment angulaire, la vitesse de rotation doit augmenter.
Actuellement, nous sommes dans la phase inverse, la matière remonte vers
les pôles; la vitesse de rotation doit donc diminuer.
Aux variations séculaires de la rotation de la
Terre se superposent des variations dont les périodes
peuvent varier de dix à plusieurs dizaines d'années;
le caractère périodique de ces dernières
fluctuations n'est d'ailleurs pas clairement identifié.
En effet si les variations séculaires sont bien
comprises, les décennales le sont beaucoup moins.
L'idée qu'elles reflètent une évolution de la
structure interne du globe par un changement de moment
angulaire entre le noyau et le manteau est bien acceptée
par l'ensemble des géophysiciens. Les mécanismes de
couplage "noyau-manteau" les plus plausibles sont soit du
type topographique, soit du type visqueux, soit encore du
type électromagnétique. Le champ magnétique
terrestre serait généré par des courants de
convection dans le noyau liquide dans lequel
circulent des courants électriques. Ces derniers
résulteraient du mouvement du liquide dans le champ
magnétique créé par ces mêmes courants (géodynamo). Des
changements dans le régime magnétique provoqueraient
des changements du champ magnétique observé à la
surface de la Terre.
L'attraction de la Lune provoque des déformations
périodiques de la Terre qui à leur tour induisent
des variations de la rotation de la Terre; comme l'orbite de
la Lune est caractérisée par de nombreuses
périodicités, celles-ci se retrouvent dans les variations de la rotation de
la Terre. Leur amplitude dépend des propriétés
élastiques des matériaux qui composent le globe
terrestre; la plus importante correspond à la
rétrogradation de 18 ans 2/3 du noeud de
l'orbite lunaire et induit des fluctuations de la vitesse de
rotation de 0.15 secondes.
On en trouve deux autres très caractéristiques avec
des périodes de 13.7 et 27.4 jours.
Le Soleil contribue à créer des fluctuations
annuelles et semi-annuelles; elles trouvent leur origine
dans les déplacements
saisonniers des masses d'air qui, en vertu du principe de
conservation du moment angulaire, échangent de
l'énergie avec la Terre dite solide. L'accord entre les
variations saisonnières et la circulation
atmosphérique est confirmé
depuis la mise en oeuvre des nouvelles techniques
d'observation; le mécanisme d'échange d'énergie
(conservation du moment cinétique) trouverait ses
sources dans les forces de frottement exercées par le
vent sur la surface du sol ainsi que par les pressions
exercées sur le sol, avec un rôle particulièrement
important pour les chaînes de montagnes.
Outre les périodes annuelles et semi-annuelles, des
fluctuations à plus courtes périodes ont été
détectées, tant dans la vitesse angulaire de
rotation de la Terre que dans le moment angulaire
atmosphérique, l'une à 50 jours et l'autre à 120
jours. En ce qui concerne l'origine de ces deux
dernières fluctuations, il semble bien que ce soit vers
l'activité solaire qu'il faille la rechercher, le champ
magnétique interplanétaire, le vent solaire et
l'atmosphère étant les interfaces du transfert
d'énergie du Soleil vers la rotation de la Terre.